L'arrivée de l'exécrable...

Cela faisait des jours que je baguenaudais mes bottines sur les routes cahoteuses du royaume... Je m’étais quelque peu effacé dans la nature. Préférant emprunter les sentiers tortueux des forêts que je croisais aux routes bondées de nobliaux tellement vaniteux qu'ils me donnaient l’envie de leur glavioter à la figure…En franchissant le Duché d’Orléans, je m’arrêtai enfin derrière un débit de boisson, bien décidé à faire provision de calva, n’ayant aucune honte à flouer un ventripotent tavernier... Constamment sur les chemins poussiéreux, n’avançant dans la vie qu’à grandes enjambées, je me souciais peu d’autrui, tel le vil personnage que j’étais…

Mon arrivée en Gien n’avait pourtant rien d’un hasard, puisque je venais y rejoindre Mia, qui semble-t-il avait trouvé l’âme sœur… Ne comprenant rien à ce genre de sentiments, je m’étais dit qu’une petite visite au lascar était de mise, question de lui faire savoir qu’il n’avait pas intérêt à briser le cœur de ma frangine… Après avoir fait le tour de la ville plusieurs fois en vain, me coltinant ma besace, qui devait bien peser trois tonnes avec toutes ses bouteilles que j’avais volées au rondelet aubergiste… J’eu la brillante idée de passer par le bureau du cadastre pour savoir enfin où se trouvait cette gourde… Arrivé devant le portail, je fus plus impressionné par la prestance de la maison que par le molosse bavant qui gardait les lieux… Je frappai quelques coups à la porte et j’attendis…

Celà devait faire un petit moment que quelqu'un toquait au portail quand j'entendis frappé...avec les coups de marteaux que je donnais et mon esprit qui se volatilisait sans cesse, à chaque seconde où je respire donc où je pense à Mia, je sursautas entendant Homer aboyer.... je fis en courant un aller et retour au puit me laver les mains et le visage, détroussa les manches de ma chemise et alla au portail....

Bien le bon jour messire, que puis-je pour vous?

J’étais là depuis un bout de temps déjà… Me tenant bêtement devant le portail de la maison, me demandant comment Mia avait pu se retrouver habitant une bicoque d’une telle classe… On était bien loin du taudis où le patriarche créchait à Calais… Je me mis à observer le clébard avec intérêt, la robuste créature avait aboyé un coup puis s’était couché au pied de la porte attendant sûrement la venue de son maître… Ma sœur avait sûrement choisi la bête étant donné ses goûts particuliers en matière d’animaux… Je m’apprêtais à rebrousser chemin quand un homme un peu plus jeune que moi se présenta… Il devait être le bougre dont ma sœur était si éprise et dont elle avait vanté les qualités dans son dernier pigeon… Je me mis à l’observer, méfiant, tandis qu’il me sommait de me présenter…

Zêtes messire Vavictus? Je cherche ma frangine Mia… suis son frère Joshua…

Vae se dit que c'était le frère de Mia et qu'il valait mieux être diplomate pour ne pas peiner sa belle déesse.....sinon il aurait pendu depuis longtemps, par les tripes au vieux chêne, ce moribond qui avait osé écorcher son surnom; il décida consciemment de faire de même et voir venir.........

Messire Jocha bonjour, je suis bien VaEvictis le compagnon de votre sœur. Elle m'avait dit que vous viendriez sûrement à Gien l'y sachant établie! Entrez donc.....

Vae referma la lourde porte en chêne, tandis qu'Homer regardait passer devant lui le "frangin" de sa maitresse, babines retroussées en grognant.....